La HALLE vous propose au cours du mois de Septembre un cycle de conférences gesticulées.

La conférence gesticulée est une prise de parole publique sous la forme d’un spectacle politique militant construite par une personne ou un groupe à partir de leurs expériences, c’est un acte d’éducation populaire fondé sur l’envie de partager ce qu’on a compris, tel qu’on l’a compris, là où on l’a compris.

Chaque conférencier participe à l’élaboration d’un rapport de forces anticapitaliste et invite ceux qui la reçoivent à se poser la question de leur propre place dans ce système. Acte subversif, la conférence gesticulée transgresse la légitimité (toujours contestée) à parler en public. Elle dévoile, dénonce, questionne et analyse les écanismes
d’une domination dans un domaine donné, souvent professionnel.
Nous aborderons lors de ce cycle de conférence des sujets majeurs qui font tous partie de notre quotidien : la souffrance au travail, l’omnipotence de la publicité et des médias, ou encore les attaques répétées dont le service public est victime.

●●● HISTOIRES POPULAIRES ●●●

Les trois conférences présentées sont toutes issues d’un collectif de conférenciers. Histoires populaires est un collectif composé de membres de tous âges, de toutes origines sociales et géographiques et de toutes professions. Grâce à l’éducation populaire le collectif a construit du savoir en commun, avec comme fil directeur l’émancipation de l’individu et la lutte contre toutes les formes d’oppression.

Sa vision se veut politique, avec la volonté à terme d’une transformation sociale. Il cherche à s’adresser adresser au plus grand nombre, que cela soit par la variété des sujets abordés
(travail, santé, technologie, économie, etc.) et par la variété de leur forme (conférences gesticulées, interviews, articles, vidéo, bases documentaires, etc.).

Site : www.histoires-populaires.org
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCcQqbDR-t07wT9zae7kGhJw/featured
Facebook : https://www.facebook.com/histoirespopulaires/

 

●●● DERNIER TANGO POUR LES SERVICES PUBLICS par Thierry Rouquet ●●●

2034, Mlle P. venait juste d’accoucher. Déjà, elle avait du s’acquitter, auprès de « Civin-gestion- société », du forfait pour l’enregistrement de son enfant sur les listes de l’état-civil. Depuis plusieurs années, cette société s’était vue attribuer le marché des formalités administratives. Plus préoccupant, le montant des frais hospitaliers s’avérait plus élevé que les estimations les plus pessimistes de Mlle P. Sans doute devrait-elle recourir à l’emprunt ! En effet, tant que les frais d’hospitalisation ne seraient pas entièrement acquittés, son enfant resterait la propriété de la société « Civin-santé » qui gérait dorénavant une grande partie du parc hospitalier français. Celle-ci pourrait employer l’enfant à sa convenance, dès qu’elle l’estimerait apte.

La privatisation intégrale du marché de l’éducation s’était accompagnée de la suppression de l’obligation d’instruction des enfants. Et si les parents souhaitaient scolariser leurs enfants, l’idéologie libérale triomphante leur disait qu’ils avaient entière liberté pour le faire, et même la liberté absolue du choix de l’établissement. Il suffisait qu’ils puissent payer. Avec une éducation des enfants facultative et leur scolarisation nécessairement payante, la loi qui régissait l’âge minimum légal de travail avait été abrogée.

Les enfants des milieux les plus modestes pouvaient donc se retrouver embauchés dès 6 ans. En deçà de cet âge, faute de force et de maturité, ils s’avéraient être plutôt une charge pour les entreprises. Les « classes moyennes », quant à elles, souscrivaient massivement des « prêts scolarité » pour leurs enfants. Hayeck et Friedman pouvaient sourire !

Cela avait commencé dès 1981, quelques années avant le prémonitoire « 1984 » ! L’Argentine de Carlos Menem avait, sur les recommandations des « Chicago boys »,  expérimenté les vagues de privatisations des « services publics ». Depuis, tout s’était enchaîné, déchaîné, avec L’OMC en grand ordonnateur ; même s’il avait parfois fallu recourir à des contournements (tafta, tisa …). En France, l’enjeu avait été double: en plus de la manne financière que représentait des secteurs comme l’éducation et la santé, en finir avec le statut de la fonction publique était l’autre priorité. Attaché aux « services publics », ce statut contenait en germe une subversion de l’ordre capitaliste qu’il fallait éradiquer au plus vite ! 2034, c’est presque demain, mais, il nous reste encore 16 ans !

Rendez-vous à 18H00 pour ces trois dates, les conférences seront suivies d’un échange autour d’un verre ou du barbecue