[ ARCHITECTURE ET DESIGN INTÉRIEUR ]

L’atelier Hô est un espace de réflexion et de conception architecturale fondé en 2015 après diverses collaborations au sein d’agences d’architecture en France et au Canada de sa fondatrice, Maïlys Hô. C’est une plate-forme de création dynamique au service du paysage, de l’architecture, du design d’espace et d’objet. L’interaction des disciplines confrontant usages, qualités spatiales et matériaux permet de créer des transversalités et nous amène à inventer, interroger et affiner les projets, de l’esquisse à la réalisation. L’atelier Hô s’entoure d’artistes et d’artisans compétents. Il assure une maîtrise des contraintes intrinsèques à l’exécution d’un projet, construit sa méthode sur la transversalité des disciplines et intègre les intervenants dans le processus créatif.

Nous attachons une grande valeur à l’univers minéral et végétal. Les matériaux naturels et bruts nous inspirent par leur profondeur, leur histoire, et guident nos choix esthétiques surtout quand nous pouvons les confronter aux objets et usages du quotidien. Notre approche durable est fondée sur l’intégration des fragments existants. Ils construisent la force d’un lieu et guident notre imaginaire créatif. Ainsi, ces fragments, tels des traces, permettent de valoriser le projet dans un soucis environnemental, esthétique et économe du projet. Par ailleurs, nous intégrons l’étude des flux énergétiques dans notre réflexion car elle oriente selon nous vers une logique spatiale, une simplicité et un bien-être en harmonie avec les usages, les cultures et les besoins du quotidien. A cette étude des flux s’ajoute une recherche sur la corporéité et le mouvement. Etudier la danse et le mouvement traçant d’un danseur pour en révéler la forme tracée peut donc s’avérer très enrichissant pour comprendre l’anatomie de l’espace, sa structure, et ses qualités. Comprendre la manière dont la danse se construit dans un espace donné peut être un moyen de conception architecturale alternatif et par conséquent, se révéler être une méthode de compréhension des usages et d’habitabilité des hommes. Cette étude rend à présent possible le moyen d’étendre ce travail à une recherche plus longue et approfondie sur les codes de représentation sensoriels. Quels sont les codes graphiques permettant d’exprimer la perception sensorielle de nos mouvements dans un type d’espace existant ou projeté.

Voilà comment nous avons abordé l’unité dans la conception, pierre angulaire de notre art. Déjà, dans sa précédente observation, les problèmes techniques lui semblaient être isolés du dessin des formes. Depuis quand a-t-on séparé, ne serait-ce qu’en esprit, la plastique et la technique, les formes et les matériaux? Architectes et maîtres d’œuvres ne sont pas de simples appellations, mais bien des fonctions définies et absolues. Les formes, les volumes, les poids, les résistances, les poussées, les flèches, l’équilibre, le mouvement, les lignes, les charges et les surcharges, l’humidité, la sécheresse et le froid, les sons, la lumière, l’ombre et la pénombre, les sens, la terre, l’eau et l’air, enfin tous les matériaux sont, tous et toutes, contenues dans la fonction souveraine, dans l’unique cerveau de l’homme ordinaire qui bâtit. Cet homme sera tout : argile et sable, pierre et bois, fer et bronze. Il s’intégrera, s’identifiera à tous les matériaux, à tous les éléments, à toutes les forces apparentes et internes. Ainsi, il les portera, les évaluera, les auscultera, les verra avec son âme comme s’il les tenait dans ses mains. Ses présomptions ne sont pas des images, je nie toute intention poétique et j’affirme des faits matériels qui sont pour moi indiscutables. Je les pense avec prosaïsme. Si je suis une poutre en bois posée contre deux appuis éloignés de vingt pieds, je suppute la résistance de mes reins de fibres, et je m’épaissis pour atteindre la section qui me permettra de résister à la flexion imposée par mon propre poids et celui que je devrai supporter. Simultanément, je pense à mon aspect extérieur, à l’effet de ma trajectoire et à ma couleur, ainsi je détermine mon essence : de chêne ou de sapin.

Les pierres sauvages, Fernand Pouillon, Edition Points, p.124