[ PLASTICIENNE ]

Après une période de réflexion sur la matière organique changeante, qui évolue, se transforme ou disparaît, je me suis peu à peu intéressée à la notion du temps et le rapport qu’il y a entre elle et la matière. Je créé une dualité ou une fusion qui provoque un événement. Je cherche leurs dialectiques qui catalysent l’expérience, le mouvement, la chute, la mutation, la structure d’un espace…. La sculpture ou la vidéo octroie un caractère expérimental à mes projets. L’approche de mon travail, concept et processus de fabrication coexistent à parts égales, laissant délibérément une place au hasard et aux détériorations ou transformations dues au passage du temps.

Je ne cherche pas à dresser l’apologie de la science mais à offrir une cristallisation du temps. Mon rapport au temps est le même qu’avec le bois, plâtre, métal… Il est pour moi comme une matière, un élément avec lequel je travaille. Selon Bergson, les philosophies des plus anciens penseurs grecs étaient voisines de la perception, « puisque c’est par la transformation d’un élément sensible comme l’eau, le feu, l’air et la terre, qu’elles complétaient la sensation immédiate. ». Mon travail du temps est relatif à la perception. J’use de la réalité pour fouter notre percept et notre rapport à l’image. J’interroge notre perception pour atteindre un temps en train de se faire, pour se détacher du « tout fait » et s’attacher au « se faisant ». Je n’impose pas une temporalité chronologique, ni une réduction du temps à l’espace mais je mets en avant le devenir.

Alexia Chevrollier, 2015.