[ PLASTICIENNE ] 

« Sophie Pugnet, nous amène par ses installations à redécouvrir le silence, l’instant de transition, le passage. Ce moment où tout se fige avant de basculer, où notre souffle se contient.  Le spectateur se trouve hors du temps, comme en apesanteur. Elle aborde dans son travail ce laps, l’accompagne de poésie, de justesse et l’effleure avec délicatesse. Le spectateur est face au «Temps», un instant intérieur. Il l’observe, son regard est en suspend à l’affût d’un basculement. »

 
Bérengère de Thonel d’Orgeix
Collectionneuse / muséologue

J’envisage ma pratique comme un « Entretien » sous plusieurs formes : celle de la restauration et de la réparation des matériaux, mais aussi celle de la transmission et du dialogue. Dans mon travail le souffle et la voix sont une matière aussi légitime que le métal et le verre. Ainsi le corps humain et les matériaux constituent ma matière première.

La fragilité semble se révéler au moindre souffle, au moindre courant d’air, mais elle résiste. C’est ce moment que je fixe, comme un arrêt sur image et que je transforme. Le temps semble s’être arrêté et révèle alors ce qui a disparu ou est voué à disparaître. Mon dessein est alors de trouver et réparer la faille dans le système.

Il me manquait quelque chose, la voix, ou comment donner la parole à mes sculptures. J’ai toujours été fascinée par le travail de Guy de Cointet, notamment par ces « tableaux parlant » où il pousse la narration vers une non linéarité, effleurant l’absurde. L’accent est mis sur la forme des mots, et des objets. Ils deviennent aussi une scénographie pour la performeuse. Des éléments du vivant que l’on retrouve également dans les  « one minutes sculptures » d’Erwin würm, qui prônent l’idée du corps comme sculpture.
Ma pratique se traduit par la rencontre du corps humain et de la matière, qui donne ainsi lieu à un espace sculptural parfois ponctué par des performances.

Sophie Pugnet